LOI D'AVENIR 2013

J'ai pu rencontrer Julie P. ce vendredi 29 novembre pour comprendre pourquoi quand je vais chez mon vétérinaire en ce moment j'ai cette affiche là

 

Bonjour alors j’ai 28 ans je suis en concubinage et j’ai un enfant. Je suis assistante vétérinaire depuis 5 ans.

Mon métier consiste à assister le vétérinaire dans toutes ses taches pour assurer le bon fonctionnement de la clinique.

Je suis la première personne que voit la clientèle quand elle rentre dans la clinique. A moi d’aiguiller, de prendre les rdv si nécessaires, de veiller à ce qu’il ne manque rien dans la clinique  et ça passe aussi par le coté médical comme prendre en charge les animaux hospitalisés.

Le matin deux trois chirurgies. Les rdv de la matinée, accueil des clients tout au long de la journée répondre au tél ou au guichet. Passer les commandes fournisseurs si besoins.

S’il y a des hospitalisations, j’assiste le vétérinaire pour les soins que je peux faire pour lesquels je suis habilitée et j’aiguille les clients en situation d’urgence si je peux. Je ne me prends pas pour Dieu cependant. Au moindre doute je dérange le vétérinaire c’est beaucoup trop important je me mets à la place de la personne. On me fait confiance, à moi d’être professionnelle.

J’ai été formée sur le tas. Tous les jours je suis confrontée à des situations urgentes ou pas. J’ai appris au contact du vétérinaire, des animaux aussi. Je sais qu’une formation existe ou que je pourrais passer une VAE (validation d’acquis professionnels) mais ça ne m’intéresse pas mais ça c’est une volonté personnelle. Le diplôme peut se préparer en deux ans et est reconnu par l’Etat. (en alternance et par correspondance ). Cependant je pense que le métier d’assistante véto c’est bien la théorie mais c’est mieux la pratique.

 

8 ans d’étude. ..S'ils ont brillants.

Le projet du gouvernement  est de retirer le droit au véto de délivrer au cabinet des antibiotiques de nouvelle génération. Comme  cette liste doit être révisée chaque année, à terme  les vétérinaires n’auraient plus le droit de délivrer de médicaments du tout. Concrètement les cliniques vétérinaires font les consultations et le client va chez le pharmacien qui n’a aucune compétence en santé animale pour chercher les médicaments ou même se renseigner en cas de symptômes maladifs de son animal.

 

 

 

 

 

Pour les vétérinaires ruraux c’est la mort de leur activité. 80 % de ces véto vivent de la vente de médicaments antibiotiques ou non d’ailleurs. Quand il faut soigner des cheptels entiers c’est de l’argent qui ne rentre pas dans le chiffre d’affaires des vétérinaires. Ils ferment leurs cliniques. Les agriculteurs ont plus de trajet à parcourir pour soigner leurs bêtes. Les couts de déplacements sont plus élevés. Les prix des consultations par manque de professionnels s’envolent. Et surtout, ce n'est pas pratique et c'est surtout dangereux quand il faut agir vite. Par la suite les éleveurs pris à la gorge auront tendance à  minimiser certains symptômes. A long terme un animal de ferme mal soigné ça se retrouve dans notre assiette. C’est du long terme pas si long que ça d’ailleurs.

 

Je ne dis pas que ça n’existe pas. Mais ce n’est pas une généralité non plus. Les chiffres d’antibiotiques prescrits et donnés ont baissé depuis 14 ans. Il y a une vraie prise de conscience des vétérinaires.

 

Ce n’est pas une profession qui aime faire grève. La dernière grève remonte à 40 ans. C’est une loi sortie du chapeau. Une loi sortie tout droit de la tête du même médecin qui a conseillé Roseline Bachelot d’investir dans autant de vaccins pour la grippe H1N1. Ca donne une idée du personnage. Son cheval de bataille c’est l’antibio résistance.

 

Pour certaine maladie à force de nous avoir médicamenté notre corps a créé des barrières que certaines maladies savent contourner. La tuberculose par exemple ne se soigne plus. Plus aucun traitement n’est réellement efficace aujourd’hui. Du coup on se dit que c’est la faute des vétos qui ont trop prescrit d’antibiotiques. Mais alors ça c’est une hypothèse. Invérifiée et qui désigne un coupable sur lequel taper. Trop de cheptels médicamentés, trop de viande « antibiotiquée «  et ingurgitées par nous les humains.

 

Rien que l’alimentation donnée aux élevages est bourrée d’antibiotiques et de cochonneries. Le véto est même pas encore intervenu que la viande est déjà sur médicamentée.

 

 

En situation d’urgence  par exemple. C’est dimanche. Il fait nuit. Mon animal a besoin de soins. J’appelle un vétérinaire il prescrit des soins et à moi de trouver la pharmacie de garde pour avoir de quoi soigner mon animal.

L’animal ne parle pas. Le traitement le plus rapide sera le plus adapté. Comme si on allait aux urgences et qu’on nous diagnostiquait tel problème mais qu’il faille aller à la pharmacie pour me soigner. Vous êtes à l’article de la mort mais on peut rien faire alors qu’on sait comment agir.

 

Mon emploi peut être effectivement menacé. Le vétérinaire va se débarrasser des surcouts et faire plus de choses lui même. En terme de stock, énorme vraiment énorme surtout pour les véto ruraux. Gérer de nouveaux médicaments pour un public qu’on ne connaît pas pour lequel on n’a aucune formation, bon courage. Et c'est super angoissant pour les propriétaires comme situation et super cher puisque nous, clinique vétérinaire nous vendons les cachets à l’unité. Les pharmaciens je ne suis pas certaine qu’ils feront de même. Vous allez vous retrouver à acheter 100 vermifuges, plus que pour toute la vie de votre animal et ça va vous couter 400 euros à sortir d’un coup. Tout le monde ne pourra pas sortir cette somme et c’est votre animal qui ne sera pas traité.

8 ans d’étude pour exercer une profession pour des êtres qui ne parlent pas. Pour des symptômes qu’on doit interpréter ça se paye. Bien sûr il y a des abus partout. Des vétos qui font payer plus qu’ils n’agissent mais pas de généralité non plus. Les médecins humains c’est bien pareil seulement on a la carte vitale on ne se rend pas compte de ce qu’on pait.

 

La mobilisation de début novembre n’a pas joué car la loi avait déjà été retirée. (7000 à 10000 personnes mobilisées). Les syndicats avaient déjà bien joués leur rôle et veillaient déjà au grain. Cette manifestation était surtout une preuve de solidarité dans la profession. C’est un beau chiffre. Mais nous restons attentifs même si le projet de loi est dans les tiroirs.